Avez-vous déjà fait l’expérience de l’impact du stress sur votre alimentation ?
Je suis certaine que oui ! j’imagine que vous avez dû à un moment ou un autre ressentir une envie de dévorer tout ce qui vous passait sous la main (une grosse part de gâteau au chocolat pour moi !) parce vous ne vous sentez pas bien, stressé(e). Je l’ai vécu aussi ! Et j’ai vécu aussi la sensation de l’estomac noué qui empêche de manger avant un examen ou une prise de parole devant un groupe de personnes. Vous aussi ?
Si nous en avons fait l’expérience, des explications physiologiques et basées sur les neurosciences montrent l’impact du stress sur notre comportement alimentaire. En effet, une situation stressante va activer notre réponse physiologique au stress, par le biais notamment de notre système neuro-endocrinien avec entre autres la libération de cortisol. Une libération trop importante de cortisol va modifier notre comportement alimentaire. Selon la phase dans laquelle on se situe, cela va augmenter notre appétit et notre appétence pour les produits riches en graisses et en sucres ou au contraire le réduire.
Juste avant le stress ou pendant le stress lui-même, l’hypothalamus libère de la corticolibérine (CRF). Cette neurohormone qui contrôle la sécrétion de corticotrophine (ACTH) entraînant la synthèse de cortisol est
anorexigène, c’est-à-dire qu’elle coupe la faim.Cependant, dès que le cortisol est produit par les glandes surrénales, c’est-à-dire après l’évènement déclencheur du stress, l’appétit revient plus fort car le cortisol a un effet orexigène (augmente l’appétit). Voilà que notre envie de gras et de sucre (rarement les radis et les choux de Bruxelles) se fait fortement ressentir !! Et si le taux de cortisol ne redescend pas à un taux « normal », c’est-à-dire si le stress n’est pas « géré », voilà que la prise de poids arrive et s’installe…
Mais pourquoi pas des radis et des choux de Bruxelles (ou des haricots verts ) ? Et bien parce qu’ils ne contiennent ni tryptophane (précurseur de la sérotonine dont une baisse conséquente va être provoquée par la libération du cortisol), ni glucides (nécessaires au tryptophane pour traverser la barrière hémato-encéphalique pour fabriquer cette fameuse sérotonine impliquée dans notre adaptabilité au stress et notre humeur).
Mais avez-vous observé l’impact de votre alimentation sur votre stress ?
Il est plus difficile d’observer le lien entre alimentation et stress dans ce sens, et pourtant certaines études le montrent. Et peut-être que si on s’observait vraiment, on arriverait à déceler que le sucre appelle le sucre et que l’irritabilité ou l’apathie se manifestent quand il y a une « surdose ». On pourrait également s’apercevoir que la consommation d’aliments ultra-transformés affecterait notre réponse physiologique au stress (altération du CRF et du cortisol).
Le cercle vicieux est là !
A noter que, la consommation d’aliments riches en graisses et en sucres, voire ultra-transformés, chez les individus subissant un stress, n’est pas qu’une compensation psychologique, mais bien due à l’action physiologique du cortisol sur les molécules impliquées dans notre comportement alimentaire. Cela met en évidence que le manque de volonté souvent évoqué comme étant responsable des « compulsions alimentaires » n’est pas vraiment justifié.
Cette approche semble donc confirmer les résultats de la cohorte Stanislas qui avait pour objectif d’étudier l’associatio
n entre des groupes d’aliments (fruits et légumes, plats préparés, viandes et charcuteries) et des données de santé mentale dont le stress perçu et la consommation d’un traitement antidépresseur et/ou anxiolytique sur 1645 volontaires (cohorte monocentrique familiale longitudinale, présumée saine à l’inclusion entre 1993 et 1995).
Des corrélations sont observées entre certains profils de consommations et le stress perçu ou la consommation de psychotropes :
- La faible consommation de plats préparés (≤ 3 par mois) est associée à un risque significativement moindre d’être stressé.
- Les gros consommateurs de viandes et charcuteries (≥ 2 portions par jour) ont un risque significativement plus élevé d’être stressés.
- Les consommateurs « réguliers » de viandes et charcuteries (≥ 7 et < 14 portions par semaine) ont un risque significativement faible d’être stressés.
- Les gros consommateurs de plats préparés (≥ 1 par jour) ont une probabilité significativement plus élevée de suivre un traitement antidépresseur et/ou anxiolytique.
En conclusion…
Alimentation et stress sont liés dans un sens, comme dans l’autre ! Le stress que nous subissons va nous inciter à consommer des produits qui vont aussi avoir un impact sur notre réaction physiologique au stress. Comment casser ce cercle vicieux ? Certainement en nous préoccupant de gérer notre stress et en mettant plus de conscience et en se renseignant sur une alimentation plus adaptée.
Ce sont des éléments que nous approfondissons dans nos formations de gestion du stress.
Article écrit par Corinne SABADEL
Références :
Les circuits du stress- http://www.medecine.unige.ch/enseignement/apprentissage/module3/pec/apprentissage/neuroana/stress/stress2.htm
Quelle influence a le stress sur notre alimentation ? Celia Mores chercheur, conférencière et chargée d’enseignements à EDNH (ecole de diététique et nutrition humaine)
https://siga.care/blog/quelle-influence-stress-alimentation/
The serotonin solution, le Dr judith j.Wurtman, chercheuse au massachusetts institute of technology MIT, FAWCETT 1996
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