Motivé, motivé, il faut rester motivé !
Motivé, motivé, il faut se motiver !
Motivé, motivé, soyons motivés !
Motivé, motivé, motivé motivé !
Cette chanson de Zebda est-elle une façon appropriée de motiver ses troupes ? Ou peut-on voir les choses autrement ?
Antoine Riboud, fondateur de Danone disait : « On ne motive pas les hommes avec des discours mais en respectant leurs aspirations profondes. « Alors comment faire et regardons ensemble comment nous pouvons aborder ce sujet ?
Mais c’est quoi la motivation ?
La motivation c’est l’ensemble des raisons, des intérêts, des éléments qui poussent quelqu’un à agir. En psychologie, c’est l’ensemble des facteurs dynamiques qui orientent l’action d’un individu vers un but donné, qui déterminent sa conduite et provoquent chez lui un comportement donné ou modifient le schéma de son comportement présent.
La motivation va donc indiquer pourquoi on passe à l’action et pourquoi on persévère dans ses efforts. D’une façon plus globale, la motivation peut également être associée à des forces intérieures et/ou extérieures qui engendrent l’initiation, la direction, l’intensité et la persistance du comportement (Vallerand, Carbonneau et Lafrenière, 2009).(1)
Dans cette façon d’aborder la motivation, on comprend alors que les sources de la motivation peuvent être issues d’une combinaison :
- de nos besoins innés d’ordre physiologique (manger, dormir, etc.) ou psychologiques (autonomie, sécurité, amour, compétence, contrôle, etc)et,
- des caractéristiques amenées par notre histoire et notre environnement individuel liés à des valeurs, des objectifs, de l’intérêt, des émotions positives …
Cette approche de la motivation est qualifiée d’approche par le contenu : la motivation est une force intérieure qui résulte d’une tension liée à un ou plusieurs besoins non satisfaits et déclenche un comportement visant à le(s) satisfaire.
Mais alors : Qu’est-ce qui pousse à agir ? Par quoi est-on motivé ? De quoi est faite la motivation ?
Il semblerait que tout le monde soit « naturellement » motivé mais que nous sommes simplement motivés par des objets différents. Ce qui nous différencie les uns des autres réside dans ce qui déclenche notre motivation, pas le fait que nous soyons motivés ou non.
Alors comment se déclenche notre motivation ?
En effet, une approche complémentaire qui va nous aider à comprendre comment fonctionne la motivation est celle de l’approche par processus ou encore le processus motivationnel. Un comportement motivé résulte d’un choix entre plusieurs comportements possibles. De façon instinctive, l’individu adoptera celui qui maximisera ses satisfactions et minimisera ses insatisfactions en fonction de la perception qu’il a des menaces et des opportunités de la situation dans laquelle il se trouve.
Et oui cela correspond aux questions que l’on s’est tous posé : Qu’est-ce que ça m’apporte ? Qu’est-ce que ça me « coûte » ?
Pour Victor Vroom, auteur de la théorie des attentes, (2) tout processus motivationnel est composé de trois mécanismes psychologiques distincts :
- la valence, d’ordre affectif, qui correspond à la valeur attribuée à la satisfaction de tel ou tel besoin.
« Quelle valeur accorder aux avantages obtenus ?
En règle générale, un comportement procure des satisfactions et, en même temps, provoque des insatisfactions. La valence est alors représentée par le solde de ces satisfactions-insatisfactions. Elle sera positive si les satisfactions l’emportent sur les insatisfactions, et négative dans le cas contraire. Elle peut aussi être nulle (l’individu n’attache aucune valeur à la satisfaction de tel ou tel besoin)
Ici, la motivation dépend de la valeur attribuée à la récompense par ’l’individu. - l’expectation, dimension cognitive, correspond à la probabilité d’atteindre le résultat associé à la satisfaction recherchée.
« Suis-je capable de ? », « Quelles sont mes chances de réussite ? »
Ici, la motivation dépend de la confiance qu’a l’individu dans ses capacités à atteindre l’objectif. - l’instrumentalité, autre dimension cognitive assimilable, elle, à la probabilité appréciée que l’obtention d’un résultat, à travers un comportement donné, conduise à la satisfaction recherchée
« Que vais-je obtenir par ma performance ? »
Ici, la motivation dépend du niveau de récompense obtenue par l’effort.
Dans son modèle, Victor Vroom indique que la motivation dépend du produit de ces trois mécanismes psychologiques. Il suffit que l’un des trois paramètres soit nul pour que la motivation le soit également. Pour mieux comprendre l’application de cette théorie, voici un exemple :
Un jeune ingénieur en génie civil se retrouve sur un poste de responsable d’un projet de construction de route
Expectation :
La personne ne se sent pas capable d’assumer la gestion de ce projet : le projet est trop complexe, l’équipe difficile…). Ici, l’expectation est à 0 : la motivation est faible pour accepter l’offre (« je n’y arriverais pas »).
Instrumentalité
Le poste est temporaire (CDD chantier) et ne permettra pas d’évoluer vers un statut de chef de projet officiel. Ici, l’instrumentalité est nulle : la motivation est faible pour accepter l’offre (« je n’y gagnerais rien »).
Valence
Le poste est un moyen d’évoluer vers un statut de chef de projet officiel, mais la personne souhaite évoluer vers un poste d’expert technique. Ici, la valence est nulle : la motivation est faible pour accepter l’offre (« cela ne m’intéresse pas »).
A l’inverse, si cet ingénieur se sent capable de gérer le projet (expectation =1), qu’il perçoit l’opportunité d’obtenir une évolution de statut (instrumentalité =1), et qu’il recherche cette évolution de statut (valence =1), la motivation est forte !!!
Mais encore …
La motivation peut également être perçue comme une énergie qui détermine un type de comportement particulier. C’est l’approche de Porter et Lawler issue des travaux de Jones en 1955, qui précisent que « ce sont les forces énergétiques qui, chez les individus, les poussent à se comporter de certaines manières et les forces environnementales qui souvent déclenchent ces conduites ». Cette approche énergétique est également reprise par Levy-Leboyer : « La motivation est un processus qui implique […] un tripe choix : faire un effort, soutenir cet effort jusqu’à ce que l’objectif soit atteint, y consacrer l’énergie nécessaire ». (3)
Et alors ?
Aujourd’hui, nous le voyons avec la difficulté à recruter des entreprises ou encore à conserver leur personnel, la motivation des salariés est un sujet de prime importance.
Daniel H. Pink dans son dernier livre « La vérité sur ce qui nous motive » (4) met en évidence 3 éléments essentiels de motivation :
- L’autonomie : le désir de diriger notre propre vie,
- La maitrise : le besoin de progresser dans un domaine important,
- La finalité : le fait de travailler pour un objectif plus grand que notre propre personne.
Nous ne pouvons que le constater : le monde du travail évolue et les facteurs de motivation évoluent également. D’ailleurs, quelle est la cause et quel est l’effet, l’approche est certainement plus complexe et pourrait s’apparenter à une forme de spirale dynamique qui permet de montrer que les 2 thèmes s’autoalimentent pour évoluer dans le temps.
C’est en tenant compte de ces évolutions concomitantes que nous pourrons alors apporter des pistes de solution.
Corinne Sabadel
Sources :
- Traité de psychologie de la motivation(2009) – Marc-André K. Lafreniere, Robert Vallerand, Noémie Carbonneau
- Work and motivation (Jossey-Bass Publishers 1995) – Victor Harold Vroom,1932
- Théories de la motivation au travail – 2ème édition 2013 (Les Topos) – Salvatore Maugeri
- La vérité sur ce qui nous motive – édition 2016 – Daniel H
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